Chaque année depuis 17 ans, Ingénieurs sans frontières récompense deux travaux de fin d’études d’étudiantes et étudiants ingénieurs provenant des hautes écoles ou universités belges des deux communautés linguistiques. Parmi les lauréats 2023, deux jeunes ingénieurs architectes de l’UCLouvain ayant bénéficiés d’une bourse de voyages de l’ARES pour effectuer leur recherche au Burundi.
Ce 28 novembre 2023 à l’Université de Mons, Ingénieurs sans frontières a décerné ses deux prix annuels récompensant des travaux de fin d’études. Neuf candidatures et onze candidat·e·s étaient en lice, représentant l’UCLouvain, l’ULiège Gembloux Agro-Bio Tech, l’UMONS et l’UGent.
Le Prix Ingénieurs sans frontières – Philippe Carlier 2023 a été attribué à Mathias HAUWAERT et Brandon NDIKUMANA (Faculté d'architecture, d'ingénierie architecturale et d'urbanisme – LOCI) pour leur travail « Habiter la Ntahangwa - entre risques et résilience - Adaptation urbaine et territoriale face aux risques hydrologiques à Bujumbura – Burundi ».
« Nous sommes heureux d’avoir reçu le prix ISF, expliquent Mathias Hauwaert et Brandon Ndikumana. De notre point de vue, il représente une reconnaissance de la part d’une institution d’ingénieurs qui a l’expérience de travailler hors des frontières belges. Nous y voyons également une volonté de vouloir franchir d’autres frontières établies, cette fois-ci disciplinaires, que nous apprécions grandement. En effet, notre travail se veut interdisciplinaire et s’inscrit dans un croisement entre architecture, aménagement du territoire et ingénierie environnementale et hydraulique. Cet aspect a été jugé comme étant une qualité par le jury. Cela nous encourage dans la vision de l’ingénierie que nous souhaitons promouvoir : une ingénierie transdisciplinaire, qui questionne toujours plus et franchit de plus en plus de barrières. »
Ce travail s’intéresse aux risques hydrologiques, liés aux catastrophes naturelles toujours plus nombreuses à Bujumbura depuis les années 80. En raison d’une pression démographique élevée, d’une situation géographique défavorable et des impacts du changement climatique, la ville de Bujumbura est en effet de plus en plus exposée aux risques hydrologiques. La population doit faire face à une augmentation du nombre de catastrophes naturelles, notamment les inondations et crues, les effondrements de berges et les ravinements. Les rivières traversant la ville sont aujourd’hui les éléments naturels qui mettent le plus en péril Bujumbura et ses habitant·e·s. Sur base de la géographie du risque, d’enquêtes de terrain et d’une approche multiscalaire sur le bassin versant de la Ntahangwa, la recherche des deux étudiants de la Faculté d'architecture, d'ingénierie architecturale et d'urbanisme vise à établir des stratégies d’adaptation urbaine et territoriale afin de renforcer la résilience de la ville et de ses habitant·e·s.
« La recherche qu’on a effectué à Bujumbura se veut interscalaire et transdisciplinaire, précisent Mathias Hauwaert et Brandon Ndikumana. Cela veut dire qu’on a travaillé sur plusieurs échelles, celle de la ville de Bujumbura, le bassin versant de la Ntahangwa et les trois sous-bassins versants de Buyenzi, Kigobe et Gikungu. En même temps, vu notre formation d’ingénieur architecte, on a eu une approche holistique insérant les points de vue dans un croisement entre architecture, aménagement du territoire et ingénierie environnementale et hydraulique. Notre travail traite de la problématique d'une ville et son territoire faisant face à plusieurs risques hydrologiques. On propose une méthodologie qui analyse le lien entre l’eau et la ville. »
Pour réaliser ce travail de fin d’étude, Mathias et Brandon ont bénéficié d’une Bourse de voyage de l’ARES. Ce séjour à Bujumbura, effectué de janvier à mars 2023, leur a permis d’être au plus près de la réalité. « Nous avons pu collecter des informations et établir une base de données solide qui était indispensable à la réalisation de ce travail. Nous avons réalisé des relevés de terrain sur place, pris des photos. Nous nous sommes entretenus avec des expert·e·s burundais·e·s, des habitant·e·s et des responsables administratifs. Nous avons pu ainsi nous baser sur nos observations (pratiques locales, projets en cours, etc.) et sur les témoignages récoltés pour proposer des stratégies d’adaptation. Ce séjour nous a permis de nous ancrer dans le contexte de la vallée de la Ntahangwa et les réalités complexes de Bujumbura. Sans cela, ce travail n’aurait pas la profondeur qu’il a aujourd’hui.»
Au-delà de l’expérience scientifique, ces deux mois passés dans la capitale économique burundaise ont été une aventure humaine intense. « Les expériences divergeaient entre Brandon et moi, précise Mathias. Brandon retrouvait ses origines et sa famille à Bujumbura. Pour moi, c’était la première fois au Burundi. Nos deux points de vue étaient différents mais aussi parfaitement complémentaires. »
Avec ce prix ISF, au-delà de la visibilité, Mathias et Brandon espèrent également sensibiliser les gens autours de la question. « Notre travail est ouvert à toutes et à tous, autant la base de données créée autour des quartiers à Bujumbura que la méthodologie présentée. La thématique que nous avons traité à Bujumbura est d’actualité partout dans le monde, aussi en Belgique. On se souvient des inondations de l’été 2021. On veut inspirer des personnes de divers horizons en remettant en valeur une approche intégrée qui repense la ville, non pas en refoulant l’eau et ses risques potentiels, mais en y voyant une opportunité de redynamisme. »
Le Prix Ingénieurs sans frontières – Ingénieurs Citoyens 2023 a quant à lui été décerné à Pauline RAUX (Ecole Polytechnique de Louvain) pour son travail « Joint evaluation of performance and environmental impacts of a micro fabricated device ». Pauline propose une Analyse du Cycle de Vie (ACV) « cradle-to-gate » pour évaluer l’impact environnemental du procédé de nanofabrication du dispositif à base de VO2, partant de l’extraction des matières premières à la sortie de des chambres propres de nanofabrication (Winfab).
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