Un ouvrage collectif documente la gestion des RH en Afrique

La gestion des ressources humaines en Afrique présente de telles spécificités que cinq spécialistes de la GRH ont décidé de réunir leurs connaissances et leurs expériences pour rédiger un ouvrage collectif inédit, adapté au contexte de nombreux pays d’Afrique subsaharienne et d’Afrique du Nord.

Les grands domaines RH sont présentés de façon didactique et sont à chaque fois illustrés d’études de cas pris dans divers pays africains.

Complet et actuel, cet ouvrage de référence donne aux enseignant·es, aux étudiant·es en gestion, en sciences économiques, en sciences sociales et en sciences politiques ainsi qu'aux professionnel·les des ressources humaines, les connaissances pour faire progresser les pratiques RH au service du développement durable des entreprises et des organisations en Afrique.

RH

Abordant l’influence des contextes internes et externes sur la gestion des RH, les politiques salariales, le temps et lieu de travail, la formation ainsi que des sujets liés au leadership, à la gestion des carrières ou à l’évaluation, les cinq spécialistes belge, camerounais, congolais, marocain et burundais offre un regard transversal utile aux départements RH soucieux d’attirer et de fidéliser leurs talents.

Pour Annie Cornet, Professeure à l’Ecole de Gestion de l’Université de Liège et régulièrement présente en Afrique dans le cadre de mission d’enseignement, « la formation des managers actuels et ceux de demain doit pouvoir contextualiser les acquis de la gestion des RH au regard des différents contextes. C’est la raison pour laquelle nous avons constitué une équipe internationale pour rédiger ce manuel et proposer des outils et études de cas couvrant l’ensemble  des besoins. »

Regardez cette interview croisée de deux auteur·es de cet ouvrage. Tour à tour, Annie Cornet mais aussi Emmanuel Kamdem (Professeur de sociologie à l’Université de Douala), témoignent de l’intérêt de formaliser la gestion des RH sur le continent africain.

Cet ouvrage, mais aussi ce projet dans sa globalité,  accorde une attention particulière au genre (égalité professionnelle femmes/hommes) mais aussi à la diversité (diversité d'âge, d'origine et de nationalité, personnes en en situation de handicap, etc.).

Daniel Kyungu Tchikala peut témoigner de cet intérêt. Personne en situation de handicap moteur, il vit en République démocratique du Congo. Pendant 4 ans, il a bénéficié d'une bourse de l'ARES pour réaliser une recherche doctorale sur l’insertion socioprofessionnelle des personnes en situation de handicap moteur.  

Depuis la défense de cette thèse en septembre 2022, plus que jamais, il s’attache à influencer, de diverses manières, les personnes en situation de handicap. «Je poursuis bien entendu la rédaction d’articles scientifiques et non scientifiques. Mais je consacre également beaucoup de temps à approcher les organisations locales afin de leur offrir mon expertise sur les questions d'inclusion professionnelle des personnes en situation de handicap. Je milite aussi pour la création d’un espace de dialogue entre les personnes en situation de handicap et les autres parties prenantes clé de la question du handicap pour qu'elles réfléchissent ensemble sur les solutions d'accès à l'emploi des personnes en situation de handicap, dans le Haut-Katanga. Cet espace pourrait aussi devenir un lieu de recrutement des personnes en situation de handicap.  Enfin, je me rends disponible pour encourager et accompagner les étudiant·es en situation de handicap – et les autres - qui veulent réaliser des recherches dans le champ du handicap».

Des recommandations à l'ARES

Suite à cette expérience doctorale entre la RDC et la Belgique, Daniel Kyungu Tchikala est très bien placé pour formuler quelques recommandations à l’ARES en vue de renforcer ses ambitions inclusives.

« Dans sa politique d'inclusion des étudiants en situation de handicap, l'ARES pourrait mettre en place un système de quotas de bourses destinées aux étudiant·es en situation de handicap. Les études scientifiques montrent que l'accès à l'éducation scolaire des personnes en situation de handicap est rendue difficile par le coût excessif qu'il engendre, surtout dans les pays à faible revenu dans lesquels cette catégorie de personnes et leurs familles ne bénéficient pas d'allocations d'invalidité et autres.  L'ARES pourrait aussi demander à ses membres de renforcer les politiques d'inclusion des étudiant·es en situation de handicap, en veillant notamment aux politiques d'aménagements raisonnables, à la communication inclusive et aux programmes d'enseignement inclusifs afin d'attirer davantage des étudiants en situation de handicap.  L'ARES pourrait aussi octroyer des prix d'excellence aux étudiant·es en situation de handicap qui réalisent des performances scolaires et académiques. Ces distinctions auraient valeur de stimulation. Enfin, l’ARES pourrait se doter d'un département « Inclusion et diversité ». Un tel département pourrait être animé aussi bien par des personnes ayant des déficiences, ou non ».

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