Marie-Annick Gournet : "La Charte africaine rééquilibre les échanges et la production des savoirs d’où qu’ils viennent."

Promouvoir l’équité dans les partenariats de recherche est l’un des principaux enjeux de la décolonisation de la recherche. Et c’est également la principale raison d’être de la Charte africaine, qui, dans la lignée de l’engagement intellectuel panafricain, a à cœur de soutenir et de renforcer la contribution du continent à la production du savoir scientifique.

C’est à l’initiative des principaux organismes et réseaux d’enseignement supérieur en Afrique, avec le soutien du Perivoli Africa Research Centre (PARC) de l’université de Bristol, que la Charte africaine pour des collaborations de recherche transformatrices a vu le jour en 2023. 

Pour ces différents partenaires, il s’agissait autant d’un impératif de justice sociale que de la nécessité de mettre fin à la perpétuation de hiérarchies injustes dans l’activité scientifique, qui découlaient des histoires coloniales et participaient au maintien d’inégalités politiques et économiques plus larges à l’échelle mondiale.

Avec cette charte, l’idée est

  • de garantir que les chercheurs, les institutions et les connaissances africains occupent la place qui leur revient dans l'effort scientifique mondial, dans les domaines des sciences formelles, naturelles et sociales, des arts et des sciences humaines.
  • de favoriser une recherche plus riche, plus équilibrée et donc plus puissante, dont la communauté internationale a besoin pour répondre aux multiples crises auxquelles le monde fait face et pour défendre comme il se doit la dignité et l’épanouissement des êtres humains.

Cette science plus riche doit donner une place active à une pluralité de savoirs sur la façon dont le monde fonctionne et devrait fonctionner. Elle doit proposer des alternatives à la logique monochrome de la pensée scientifique occidentale qui a dominé la recherche jusqu’à présent et contribué aux difficultés auxquelles le monde est aujourd’hui confronté.

En juillet 2023, en signant la Charte, nonante partenaires ont répondu à l’appel d’Isabella Aboderin, directrice du Perivoli Africa Research Centre, et se sont engagées à rééquilibrer les partenariats de recherche et à promouvoir la transformation des collaborations scientifiques avec l'Afrique afin de faire progresser la science mondiale.

Dans cette interview, Marie-Annick Gournet (collègue d’Isabella Aboderin à l’université de Bristol), nous rappelle les fondements et l’ambition de la Charte, et formule quelques propositions pour rééquilibrer les rapports de pouvoir dans le monde de la recherche académique.

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