Biodiversité au Burundi : un colloque en hommage à Benoît Nzigidahera 

Les 19 et 20 octobre 2021, l’Université du Burundi a accueilli le colloque « Biodiversité : héritage de la carrière scientifique et de l’engagement de Benoît Nzigidahera ». Ce colloque a rendu hommage à ce collaborateur de l’Université du Burundi (UB) mais aussi homme de référence reconnu internationalement dans le domaine de la biodiversité. Il était décédé en mai 2018.

Le décès de Benoît Nzigidahera représente une perte considérable tant pour le Burundi (pays qu’il représentait régulièrement à l’échelle internationale) que pour la biodiversité (sujet qu’il connaissait comme nul autre scientifique).

En octobre dernier, à Bujumbura, scientifiques belges et burundais lui ont rendu un hommage scientifique au cours d’un colloque comprenant trois principaux sujets de réflexion : « Biodiversité, paysages et environnement terrestre », « Biodiversité et services écosystémiques » et «Ecosystèmes aquatiques et pollution ».

Ces trois sujets, étroitement liés aux travaux de recherche et aux publications réalisés par Benoît Nzigidahera durant sa carrière, ont été abordés par le biais d’exposés scientifiques et de conférences portant sur la gestion et la gouvernance des parcs et réserves ainsi que  sur la dimension politique de la conservation de la biodiversité, y compris le développement ou la mise en œuvre de la stratégie nationale à ce sujet.

Plusieurs doctorant·e·s burundais·e·s de l’Ecole doctorale de l’UB ont aussi pris par activement à l’événement en présentant des posters illustrant leur recherche et les résultats enregistrés durant leur doctorat.

Les représentants de l’Ambassade de Belgique au Burundi ainsi que plusieurs ONG belges actives dans ce pays ont également participé à ce colloque.

Jan Bogaert
Jan Bogaert décerne un certificat d'honneur en hommage à Benoît Nzigidahera. Photo: UB

Jan Bogaert, Professeur à l’ULiège, a très bien connu Benoît Nzigidahera. Il le considérait comme un biologiste au profil rare, doté d’une part de connaissances spécifiques sur les plantes, les champignons, les insectes et, d’autre part, d’une vision transversale sur les écosystèmes burundais.

Jan Bogaert, pourquoi avoir organisé ce colloque ?

Tout simplement parce qu’il était temps de rendre hommage à ce scientifique qui était aussi un homme altruiste. Durant toute sa carrière, il s’est énormément préoccupé de la carrière d’autres chercheurs au point de s’oublier lui-même. C’était un joueur d’équipe. La communauté scientifique avait en quelque sorte une dette à son égard.  Ce colloque était une occasion de mettre en lumière son parcours mais aussi d’impliquer et de stimuler les jeunes chercheur·e·s. Car la protection de la biodiversité nécessite un travail d’équipe, ce qui permet d’aller plus loin. Un bon héritage serait de conserver l’esprit et l’éthique de Benoît. Il n’aurait pas voulu de décoration officielle.

Quels sont les sujets scientifiques qui ont été abordés ?

Nous avons bien entendu parlé du projet que Benoit a mis en œuvre avec le Musée Royal d’Afrique Centrale à Tervuren. Mais le colloque a surtout permis d’aborder les trois thèmes que différents chercheurs ont éclairés de leurs contributions, certaines très appliquées et d’autres plus biologiques. Nous avons traité par exemple, de l’anthropisation des écosystèmes, du déclin de la biodiversité, des services écosystémiques.  Lors de la clôture de l’événement, nous avons donné la parole à trois doctorants de l’UB, impliqués dans le Programme Spécial de Renforcement des capacités institutionnelles financé par l’ARES et la Coopération belge. Il ne faut pas oublier que Benoit nous a inspiré pour renforcer la recherche à l’UB.

Au Burundi, quels sont les points d’attention concernant la protection de la biodiversité ?

Le Burundi doit faire face à différents problèmes : le manque d’expert·e·s ce qui nécessite le renforcement de la formation et la pression démographique énorme qui engendre une dégradation quotidienne de l’environnement. Le pays a donc besoin d’une politique de gestion durable de ces ressources, au sens large. Il est difficile de sensibiliser la communauté paysanne qui vit quotidiennement de ces ressources naturelles. Dans un tel contexte, il est fondamental de former des spécialistes en gestion des ressources naturelles, attentifs, d’une part, aux questions de production alimentaire et, d’autre part, à la conservation des écosystèmes. Il y a clairement une nécessité de renforcer les capacités de différents profils de professionnel·le·s : des agronomes, mais aussi des sociologues, des politologues, des communicants dont le rôle est crucial pour convaincre les populations. Le Burundi a donc besoin d’un socle d’expert·e·s capable de promouvoir le développement durable et d’orienter la classe politique. En effet, celle-ci doit être attentive aux besoins de la population tout en garantissant la protection de la riche biodiversité burundaise. C’est un double défi complexe à relever.

Pour les académiques impliqués au Burundi, quelles sont les plus-values d’un tel événement ?

Un colloque est toujours une source de motivation pour les jeunes chercheurs. Dans le cas présent, il était important de stimuler les jeunes engagés dans le domaine de la sauvegarde de la biodiversité. En effet, ce secteur est nettement moins attractif et rentable que d’autres pour les jeunes. Un tel événement est donc stimulant pour les académiques burundais. Avec eux, nous avons fait un état des lieux de ce qui a été fait et de ce pourrait encore être fait. Nous avons également réfléchi à la manière d’améliorer la communication avec les autorités concernées par ce sujet. Enfin, il ne faut pas oublier que la vulgarisation des résultats de la recherche est essentielle. Mais au final, la plus-value la plus importante a été de mettre en lumière le formidable exemple professionnel et humain qu’a été Benoit.

Participant au colloque

Ce colloque peut-il être le point de départ de projets ou de synergies avec d’autres acteurs belges présents au Burundi ?

Bien entendu ! Ce colloque nous a permis d’échanger avec les divers acteurs belges et burundais sensibles à l’environnement au Burundi. Pour eux, ces deux journées ont été l’occasion de rencontrer les expert·e·s de différentes matières scientifiques. En tant qu’acteur académique, nous avons rappelé notre disponibilité à organiser des formations pour les acteurs non gouvernementaux sur les concepts et enjeux de la dimension environnementale dans la coopération.

Certificat

Participants

 

 

 

 

 

 

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