Instrument modulable, l’Appui institutionnel (AI) a pour objectif de soutenir les établissements d’enseignement supérieur dans les pays partenaires sur la base de leurs priorités stratégiques et en vue d’appuyer la réalisation des trois missions clés que sont l’enseignement, la recherche et les services à la société pertinents.
Dans le cadre du nouveau programme de coopération 2022-2027, un processus de sélection a permis d’identifier les treize institutions partenaires allant bénéficier de cet appui.
La formulation de ces programmes – c’est-à-dire la définition des activités, leur planification et leur budgétisation – vient de débuter ce 5 décembre 2022, avec une première mission de formulation à l’Université d’Antananarivo à Madagascar. Les douze autres missions s’échelonneront ensuite jusqu’en mars 2023.
Chaque programme fait l’objet d’une gestion commune qui associe un établissement partenaire et les établissements membres de l’ARES en Fédération Wallonie-Bruxelles. Les opérateurs de cette « co-gestion » sont les groupes de pilotage. Entités-clés, ces groupes comprennent chacun une coordination académique, une coordination administrative et des pilotes d’atteinte de résultats. Le travail en binôme est une priorité.
Mais qui sont ces hommes et ces femmes qui apportent leur contribution et leur expertise à la cohérence et à la réussite de ces programmes. Quelles sont leur motivation et leur rôle spécifique ? Nous vous proposons de découvrir le témoignage de trois d’entre elles s’étant engagées – et pour certaines, s’engageant toujours - avec passion dans la gestion d’un Appui institutionnel.
Isabel Yepez del Castillo (UCLouvain) - Coordinatrice académique de l’Appui institutionnel avec l’Universidad Nacional San Antonio Abad de Cuzco (UNSSAC - Pérou) entre 2017 et 2022.
Comment définir la fonction de coordinatrice académique d’un programme d’Appui institutionnel ?
J’ai commencé à exercer la fonction de coordinatrice académique des programmes AI avec le Pérou en 1997. Initialement avec trois universités situées à Lima et, ces dix dernières années, avec une université publique régionale située dans les Andes de Cusco, l’UNSAAC. Pendant ces années, j’ai rempli une multiplicité de fonctions en tant que coordinatrice, mais toutes fortement ancrées dans un effort collectif. Parmi celles-ci : assurer la cohérence et l’orientation stratégique du programme dans un contexte institutionnel local mouvant, piloter la mise en œuvre des actions entreprises par le groupe de pilotage, suivre les progrès réalisés dans le cadre des objectifs et des résultats attendus du programme et contribuer au processus de rapportage et d’évaluation pour l’ARES.
Quel regard portez-vous sur le travail en binôme ?
Le travail en binôme a porté ses fruits, facilitant la communication et la prise de décisions conjointes entre nous et nos partenaires.
Quelles étaient vos motivations pour occuper un tel poste ?
Pendant ces 25 ans, ma motivation principale a été de contribuer à un enseignement de qualité dans les Universités publiques péruviennes. Spécialisée dans les études latino-américaines au niveau de l’enseignement et la recherche au sein de l’UCLouvain, j’ai pu combiner cette dynamique institutionnelle avec les autres fonctions de mon métier de professeure universitaire. Des doctorant.e.s et étudiant.e.s belges, via leurs thèmes de recherche ou de micro-projets ARES, ont pu se rendre à l’UNSAAC pour leurs recherches de terrain. La participation à d’autres projets au sein de l’ARES en Équateur et Bolivie m’a sensibilisée à la nécessité et pertinence d’une collaboration inter-universitaire au niveau andin. De manière plus large, l’interaction avec des universités péruviennes a contribué à enrichir mes questionnements sur la pertinence sociale des connaissances universitaires, la construction plurielle des savoirs et la place des femmes dans le monde éducatif. Un quart de siècle qui m’a profondément enrichie intellectuellement et humainement…
Lucie Pétillon (UCLouvain) - Coordinatrice administrative de l’Appui institutionnel avec l’Université d’Antananarivo (UA - Madagascar) depuis 2014.
Comment définir la fonction de Coordinatrice administrative d'un programme d'Appui institutionnel ?
Pour moi, c’est venir en appui à la coordination académique. Celle-ci se consacre principalement aux affaires académiques et scientifiques du programme mais cela doit se faire dans un contexte administratif et budgétaire sous le regard et en concertation avec la coordination administrative qui devra veiller à rester dans les normes et balises de l’ARES. La connaissance du mode de fonctionnement des EES et des concepts académiques renforce cette synergie avec la coordination académique et permet de gérer l’ensemble du programme, chacun dans sa spécificité.
Quelles sont les motivations pour occuper un tel poste ?
Elles sont nombreuses. Apprendre, découvrir et donc enrichir ma pratique professionnelle tout en offrant l’expertise que j’ai pu acquérir durant mes années de travail au sein de différentes entités de l’UCLouvain est l’une des motivations principales.
Il y a également la contribution à la mise en œuvre d’un programme construit avec un partenaire et tout mettre en œuvre pour y arriver malgré les difficultés contextuelles. Cela demande de pouvoir rebondir, de se remettre en question, de faire preuve de créativité et d’initiative … Un vrai challenge. Et puis, aussi et surtout, il y a les rencontres humaines que l’on peut faire au cours des années, aller à la rencontre d’une autre culture, d’une autre manière d’aborder les réalités, …
Ce poste de coordonnatrice administrative est pour moi un poste important car il permet aux administratives de faire du terrain et donc de comprendre et palper la réalité de terrain des étudiant·es, des doctorant·es et des enseignant·es chercheurs qui viennent effectuer un séjour au sein des EES de la FWB.
Quel regard portez-vous sur le travail en binôme ?
L’importance de la complémentarité pour la réalisation et la réussite d’un programme de grande importance en y apportant chacun sa propre expertise.
Serge Jaumain (ULB) - Pilote d’atteinte de résultat (PAR) de l’Appui institutionnel avec l’Université de Kinshasa (UNIKIN - République démocratique du Congo) depuis 2018 et Pilote d’atteinte de résultat (PAR) de l’Appui institutionnel avec l’Université d'Etat d'Haïti (UEH - Haïti) depuis 2014. Pour la période 2022-2027, Serge Jaumain est également le nouveau Coordonnateur académique de l'Appui institutionnel avec l'Université de Lubumbashi (UNILU - République démocratique du Congo).
Comment définir la fonction de Pilote d’atteinte de résultats d'un programme d'Appui institutionnel ?
Le PAR c’est le chef d’orchestre de chaque résultat. Il a pour mission de le coordonner, de le suivre au plus près, d’assurer un dialogue constant avec son binôme dans l’université partenaire et de dynamiser les échanges pour veiller à atteindre les objectifs que l’on s’est fixés au début de l’appui institutionnel. C’est aussi un travail de mobilisation des ressources humaines et des bonnes volontés : il est essentiel que le PAR soit capable de convaincre ses propres collègues de se rendre sur place ou d’accueillir dans leurs services des membres de l’institution partenaires. Cela demande souvent une bonne dose d’enthousiasme et une certaine force de conviction notamment vis-à-vis de celles et ceux qui sont peu au fait des activités de coopération mais il est toujours tellement gratifiant d’entendre les collègues revenant de mission ou qui ont reçu chez eux leurs homologues nous dire toute la richesse des échanges qu’ils ont pu avoir. Bref, le PAR est aussi un formidable ambassadeur de la coopération !
Quelles sont les motivations pour occuper un tel poste ?
J’ai été pendant dix ans vice-recteur aux relations internationales et c’est à cette occasion que j’ai découvert le monde de la coopération ou plus exactement les collègues qui s’y investissaient gracieusement. J’y ai rencontré des personnalités exceptionnelles dont l’engagement et le dynamisme m’ont fasciné.
J’ai donc investi beaucoup de temps à les soutenir et à faire connaître en interne leur travail. Une fois mon mandat terminé, je suis en quelque sorte « descendu sur le terrain » et je me suis proposé comme PAR dans deux appuis institutionnels, (Université de Kinshasa et Université d’État d’Haïti) qui souhaitaient développer des résultats où j’avais une petite compétence.
Quel regard portez-vous sur le travail en binôme ?
Lorsqu’il fonctionne bien, ce qui est le cas la plupart du temps, on établit un formidable contact avec son binôme qui devient souvent un ami. Il/elle nous aide à mieux comprendre son institution et le contexte local mais surtout les dialogues sont généralement très riches. Mais l’élément le plus important c’est sans doute le fait que le binôme assure la cocréation et un vrai partenariat win-win qui nous conduit à réfléchir à nos propres pratiques. Grâce à cette structure on peut dire que l’échange se fait réellement dans les deux sens.
Crédit photo: Oumou Zé, Marie-Madeleine Phoba, Pierre Martinot et Isabel Yepez.
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