Les bourses de Formations internationales de l'ARES offrent la possibilité de suivre un bachelier ou un master de spécialisation d’un an ou une formation continue entre 2 et 6 mois au sein d’un établissement de la Fédération Wallonie-Bruxelles en Belgique. Parmi les 17 offres de formations possibles, le Certificat interuniversitaire et interdisciplinaire en justices transitionnelles est particulièrement d’actualité, vu les conflits en cours et les menaces pesant sur plusieurs juridictions internationales créées en Europe, en Afrique et en Asie en réponse aux crimes internationaux qui y ont été commis. Le programme de ce certificat s’étalera sur 6 mois, du 7 janvier 2026 au 7 juillet 2026.
Comment reconstruire une société après un conflit ou une dictature ? Une formation inter-universitaire entre l’UCLouvain et l’ULB, soutenue par l’ARES, et qui inclut l'expertise thématique de l'ONG RCN Justice et Démocratie, explore les réponses possibles à travers les outils de la justice transitionnelle. Théorie, pratique et échanges interculturels se conjuguent pour accompagner les futurs acteurs du changement.
Comprendre la justice transitionnelle pour reconstruire après les conflits
Depuis la Seconde Guerre mondiale, plusieurs tribunaux internationaux ont été créés pour juger les crimes de masse. Mais au-delà des procès, d'autres voies existent pour aider les sociétés à se relever après des conflits armés ou des régimes autoritaires : c’est tout l’enjeu de la justice transitionnelle.
Cette approche globale repose sur cinq piliers :
- la recherche de la vérité;
- la poursuite judiciaire ou ses alternatives;
- la réparation des victimes;
- les garanties de non-répétition;
- et la préservation de la mémoire.
Pour mieux comprendre ces mécanismes et en explorer les pratiques, une formation universitaire soutenue par l’ARES propose un programme innovant : quatre mois de cours en ligne, suivis de trois semaines de formation intensive à Bruxelles.
Un programme pluridisciplinaire, entre théorie et pratique
Destinée à la fois aux acteurs de terrain et aux étudiants, la formation combine des enseignements théoriques solides, des travaux pratiques, et de riches échanges interculturels. Une attention particulière est portée à l’image comme outil de sensibilisation, de dénonciation et de mobilisation dans les processus de transition.
À l’issue du programme, les participants disposent d’outils concrets pour analyser et évaluer les processus de justice transitionnelle à l’œuvre dans leurs pays respectifs.
Serigne Leye, un professeur engagé

Parmi les participants, Serigne Leye, professeur d’histoire-géographie et formateur en géographie économique, originaire du Sénégal, a été particulièrement marqué par cette expérience. À l’origine, il cherchait une formation complémentaire liée à son domaine d’expertise. C’est finalement vers la justice transitionnelle qu’il s’est tourné, convaincu par la pertinence du programme proposé par l’ARES :
"Cette formation pouvait représenter une véritable plus-value face aux enjeux que traversait mon pays, le Sénégal. Face à la situation nationale, aux éventuels conflits dans le sud, à notre position géopolitique en Afrique de l’Ouest, ainsi qu’aux rébellions djihadistes qui pouvaient survenir chez nos voisins, je me suis dis que cette formation pouvait m’apporter énormément."
Ce qui l’a le plus impressionné, c’est la diversité des profils rassemblés :
"Nous étions tous très différents. Il y avait des enseignants, des juristes, des journalistes, des activistes mais aussi des militants. Cela montre que la justice transitionnelle ne concerne pas uniquement le droit, mais touche à de nombreux de nombreux domaines pour aider les sociétés à renouer avec la paix.".
Il a également apprécié la variété des formats pédagogiques proposés : “certains cours étaient dispensés en ligne ou à distance, tandis que d’autres étaient organisés en auto-gestion, où les étudiants eux-mêmes animaient le contenu”.
Selon lui, cette approche offrait une liberté précieuse : “les modules de cours étaient sans filtre et chacun pouvait partager son avis. De plus, les thématiques abordées étaient très diversifiées, allant bien au-delà du droit classique : on pouvait explorer l’utilité de la justice transitionnelle dans le cinéma, dans l’histoire ou encore dans d’autres domaines sociétaux, ce qui rendait chaque session particulièrement enrichissante et stimulante.”
Des liens durables, au-delà de la formation
L’expérience ne s’est pas arrêtée aux cours. Malgré une première phase à distance, des liens forts se sont noués entre les participants :
"Nous avions tellement hâte de nous rencontrer en vrai. Quand les cours ont commencé à Bruxelles, on avait l’impression de se connaître depuis toujours."
Depuis, ces relations ont perduré, donnant lieu à des rencontres personnelles et collaborations professionnelles. Serigne a, par exemple, invité un collègue à intervenir dans un séminaire sur la situation actuelle dans l’est de la RDC.
Une formation à dupliquer
Pour Serigne, il est essentiel de dupliquer ce type de programme à l’échelle internationale. Il y voit un outil puissant pour tirer les leçons du passé et sensibiliser les générations futures. Convaincu de l’impact de cette approche, il a même intégré un module sur la justice transitionnelle dans ses propres cours, au Sénégal.

"Cette formation vise à mieux comprendre les erreurs du passé afin d’éviter qu’elles ne se reproduisent. Elle illustre également que la reconstruction et le retour à la paix ne reposent pas uniquement sur le droit, mais aussi sur la communication, le dialogue et la médiation. Dans des contextes comme celui du Sénégal, marqué par des épisodes de violence, cette approche s’avère particulièrement pertinente. Elle permet d’accompagner les sociétés dans leur volonté de renforcer la cohésion sociale et de consolider la paix durablement”
Un levier d’engagement au service des sociétés en transition
La formation en justice transitionnelle offre bien plus que des connaissances : elle forge des convictions, tisse des réseaux et suscite des initiatives concrètes. Une dynamique essentielle pour celles et ceux qui œuvrent à la reconstruction des sociétés en quête de paix durable.