Appuis institutionnels : le rayonnement international des universités partenaires

L’internationalisation est un levier stratégique pour toute institution d’enseignement supérieur. Les échanges intellectuels façonnent la réputation académique et renforcent l’attractivité des établissements. Chaque mobilité, qu’elle soit entrante ou sortante, contribue à développer les compétences des étudiants, des enseignants et du personnel administratif.

Le partenariat stratégique interinstitutionnel constitue l’un des piliers du Programme d’appui institutionnel. Au-delà des échanges entre institutions belges et leurs 13 partenaires, le programme encourage désormais les collaborations académiques directes entre ces partenaires. Depuis 2022, cette dynamique vise à structurer et renforcer les hubs géographiques et thématiques, ouvrant la voie à des synergies interinstitutionnelles à l’échelle nationale, régionale et internationale.

Un budget annuel de 20 000 euros est alloué pour soutenir ces initiatives internationales, sélectionnées par les établissements et validées par la Commission de la coopération internationale. Cette approche interinstitutionnelle et son incitation financière ont porté leurs fruits. Plusieurs initiatives, autrefois informelles, se sont institutionnalisées, ouvrant de nouveaux horizons de recherche, aussi bien pour les chercheurs confirmés que pour les doctorants.

À travers cet aperçu des initiatives en cours, il apparaît clairement que le rayonnement international des universités partenaires s’amplifie chaque année, offrant de nouvelles opportunités de coopération entre institutions, qu’elles soient voisines ou situées à l’autre bout du monde. Leur ouverture sur le monde est aujourd’hui une réalité incontournable.

Madagascar : un levier pour la coopération Sud-Sud

À l’Université d’Antananarivo (UA), Tahina Rakotoniaina coordonne le Programme d’Appui institutionnel, qui associe son université à l’UMONS, l’UCLouvain, l’UNamur, l’ULB et l’IHECS. Récemment, l’UA a également noué un partenariat avec l’Université Joseph Ki-Zerbo (UJKZ) au Burkina Faso.

« Cette initiative interinstitutionnelle, explique-t-il, présente un intérêt majeur pour notre université car elle permet de transcender les frontières et de mutualiser les ressources. Elle favorise l'échange d'expertises, de cultures et de méthodologies, ce qui enrichit aussi bien la formation que la recherche. Nous avons par exemple établi un partenariat fructueux avec l'Université Joseph Ki-Zerbo (UJKZ) du Burkina Faso, avec le soutien du Conseil africain et malgache pour l'enseignement supérieur (CAMES). En 2024, ce partenariat a facilité la mobilité des doctorant·es. Trois doctorants de notre université ont participé aux "Doctoriales" organisées par l'UJKZ en juin 2024. Et en retour, trois doctorant·es burkinabè ont participé aux mêmes journées doctorales organisées par l'UA à l'Université de Toliara en septembre 2024. Ces échanges s'inscrivent dans une dynamique de coopération sud-sud, des plus enrichissantes. Nous sommes convaincus que cela permet à ces doctorant·es d'enrichir leurs travaux de recherche et de nouer des collaborations académiques à long terme, avec d'autres chercheur·es. Nous espérons poursuivre ces collaborations internationales avec d’autres universités, tellement ces échanges sont bénéfiques en termes de renforcement de capacités.»

Burkina Faso : des collaborations académiques ancrées dans la région

Burkina Faso
De jeunes doctorant·es malgaches étaient présent·es à Ouagadougou lors des Doctoriales 2024 à l'UJKZ (Photo: UJKZ) 

À Ouagadougou, Issa Somé, coordinateur académique du programme à l’UJKZ, salue ces mobilités Sud-Sud. Si la coopération avec Madagascar est récente, d’autres partenariats en Afrique de l’Ouest sont bien établis et débouchent sur des collaborations concrètes.

« Depuis de nombreuses années, rappelle Issa Somé, nous avons des collaborations effectives avec l’Université Abdou Moumouni (UAM) de Niamey et l’Université d’Abomey Calavi (UAC) de Cotonou. En matière d’informatisation par exemple, nous avons été soutenus par nos collègues béninois pour implémenter des solutions informatiques pour l’inscription en ligne des étudiant·es. Avec l’UAM, nos échanges portent sur la recherche, avec une participation croisée de nos enseignants-chercheurs et de nos doctorant·es aux journées doctorales respectives. Nous nous sommes aussi inspirés de certains outils de gestion développés par l’UAM et utiles pour nos services administratifs. Ce partage de savoirs et d’expériences est très important. En ce qui concerne le futur, je défends le renforcement des collaborations dans la recherche. Ces échanges interinstitutionnels à finalité scientifique contribuent à l’amélioration de nos recherches. Ils permettent aussi le développement de niches de recherches. Ce point est une plus-value pour la crédibilité de nos universités, car ces spécialités peuvent améliorer notre positionnement sur la scène internationale, lors d’appels à projets notamment.»

République démocratique du Congo : l’internationalisation à l’agenda des universités partenaires

L’Université de Kinshasa (UNIKIN) et l’Université de Lubumbashi (UNILU) placent l’internationalisation au cœur de leur stratégie académique.

Serge Jaumain (ULB), impliqué dans les deux établissements congolais, souligne les liens solides entre l’UNIKIN et l’UNILU : « Parmi les activités conjointes déjà organisées, précise-t-il, il y a la participation à deux rencontres du Groupe des responsables des relations internationales francophones (GRIFF) qui est géré en partie par la direction des Relations internationales de l’ARES. Avec plusieurs Pilotes d’atteinte de résultats (PAR) de l’UNILU et de l’UNIKIN, nous avons également visité les services internationaux de plusieurs universités, d’une haute école et d’une école supérieure des arts en Belgique.»

RDC
Séance de travail sur la création d'une base de données des alumni à l'UNIKIN (Photo : UNIKIN) 

César Nkuku Khonde, coordinateur académique du programme à l’UNILU, confirme la dynamique : « Une cartographie des chercheur·es de l’UNIKIN et de l’UNILU dans les domaines du genre, de l'environnement et de la digitalisation est en cours de conception, en vue de susciter le réseautage, d'améliorer une meilleure circulation des informations en vue, c’est l’objectif, d’aboutir à la rédaction de projets de recherche entre ces deux universités. Des échanges d’expériences dans les domaines de la communication et de la digitalisation sont aussi fréquents. En 2024, dans le cadre des activités de benchmarking, nous avons fait deux missions à l'UNIKIN en vue d'identifier les bonnes pratiques en matière de valorisation des résultats de recherche. Nous avons également organisé, en collaboration avec l’UNIKIN, un workshop sur l'internationalisation et le réseautage auquel nous avons invité les responsables des services de coopération des EES du Katanga, du Kasaï et du Maniema. A l’échelle régionale, nous avons également mis sur pied une formation des enseignant·es des universités africaines en pédagogie universitaire et numérique, prévue sur 3 ans. La première cohorte comprenait des enseignant·es de l'UNILU, l’UNIKIN et l’Université du Burundi.»

Le séminaire « Internationalisation : un pilier du développement des universités belges et congolaises », initialement prévu à l'Université de Kinshasa du 12 au 14 mars 2025, a été reporté en raison du contexte actuel.

Burundi : un maillage scientifique renforcé

Burundi
Les délégations burundaises et béninoises lors du Colloque sur l'environnement en août 2024 (Photo: Université du Burundi)

Au Burundi, Jean-Paul Coutelier (UCLouvain) et Joël Ndayishimie (Université du Burundi) coordonnent les initiatives internationales. « Nous avons organisé un workshop scientifique de deux jours en août 2024 sur la biodiversité, expliquent-ils, avec la participation de chercheurs de plusieurs pays [avec la participation d’une délégation béninoise et des ACNG actives au Burundi]. La collaboration avec l’UAC au Bénin est fructueuse également. Des recherches conjointes sont menées dans le domaine de la mycologie avec la préparation d'un futur projet (PRD) et dans le domaine de la nutrition qui pourrait s'étendre à d'autres pays, Haïti notamment. »

Un workshop sur la nutrition et la sécurité alimentaire est prévu en août 2025, avec une large ouverture aux établissements partenaires de l’ARES.

Une dynamique interinstitutionnelle prometteuse

Ces initiatives illustrent la richesse de cette nouvelle dynamique de coopération. De nombreux académiques, en Belgique et au sein des pays partenaires, espèrent qu’elle aboutira à un volume croissant de recherches internationales.

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